Un barrage contre le Pacifique de Marguerite Duras
Publié le 22 Janvier 2013
D'une facture romanesque relativement classique, l'ancrage des personnages de ce roman dans le réel préfigure cependant cette "écriture de l'indicible" qui marquera plus tard la singularité de l'écrivain. Un barrage contre le Pacifique inaugure une série de romans d'inspiration autobiographique ayant pour cadre le Vietnam. Le récit s'articule autour du personnage de la mère, une femme qui, dans sa lutte contre la misère, brave à s'en rendre folle les obstacles infranchissables qui se présentent à elle. À l'image du titre, les ambitions, aussi nobles soient-elles, ne peuvent être que démesurées et toute tentative s'avère inéluctablement vouée à l'échec. Lorsque tout finit par être rongé, sali, violé, c'est aller au-delà de la souffrance, au-delà du pathétique. Car la douleur est sans fond, la perte est définitive, aucune trace de compassion dans ce roman de l'irrémédiable. Une oeuvre qui n'émeut pas mais qui bouleverse, parce qu'elle exprime le réel à l'état brut dans la trivialité de la concupiscence, dans la perte de toute émotion, dans l'acharnement à vouloir survivre malgré les autres.
Quatrième livre de mon challenge ABC. Enfin je l'ai lu ce livre qui trainait dans ma bibliothèque depuis environ un décénie. Mon avis est partagé mais cela reste un très bon livre.
Le roman se veut en partie autobiographique et raconte l'enfance de Marguerite Duras mais centré sur le personnage de la mère et l'affaire de ses barrages. Nous sommes à l'époque coloniale où des français se sont installés en indochine pour faire fortune mais ce n'est pas le cas de la mère qui se fera arnaquer, comme beaucoup de familles, par les agents du cadastre en leur proposant des terres incultivables.
Marguerite Duras nous fait donc voyager en Indochine, et à travers les pages on sent la chaleur, les odeurs de ce pays mais aussi la tristesse, les morts dans la plaine, la pauvreté, la méchanceté, etc.
La mère est presque au bord de la ruine qu'elle en devient presque folle et ira jusqu'à "prostituer" sa fille pour avoir un peu d'argent.
Le moment qui m'a le plus touché dans ce roman c'est la lettre que la mère écrit aux agents du cadastre. Elle nous communique sont désespoir et sa détresse dans cette lettre mais aussi la haine envers le système colonial.
Un très bon livre mais que j'ai mis un peu de temps à lire car beaucoup de répétition dans l'histoire.
Pour la mère il ne voyait plus d'avenir possible en dehors de la concession. C'était un vice incurable: " Je suis sûr que toutes les nuits elle recommence ses barrages contre Pacifique. La seule différence c'est qu'ils ont ou cent mètres de haut, ou deux mètres de haut, ça dépend si elle va bien ou non. Mais petits ou grands, elle les recommence toutes les nuits. C'était une trop belle idée." Il ne pourrait jamais les oublier, prétendait-il. Il ne pourrait jamais l'oublier elle, ou plutôt ce qu'elle avait enduré.