Jour de Feu de René Barjavel
Publié le 3 Mai 2015
C’est l’été. Le village de Collioure se prépare pour la fête du Roussillon. L’air sent le pastis et le melon. Les vieilles Catalanes vêtues de noir croisent les Parisiennes en bikini.
Deux nouvelles courent parmi la foule : hier, Barabbas a été emprisonné. Et pendant la nuit les gardes de Caïphe ont arrêté Jésus. Les croix dressées sur la colline attendent les prisonniers.
Tandis que Judas boit un demi au café, Pilate débat avec Caïphe pour savoir lequel de Barabbas ou de Jésus sera gracié. Un avion tourne sur la ville et laisse tomber des tracts : Libérez Barabbas!
Où sommes-nous? En quel temps? C’est l’éternité d’une histoire tragique, toujours présente, en tout lieu et en tout temps…
Jour de feu de René Barjavel, roman inclassable et fascinant, révèle un autre visage du maître du fantastique et de l’anticipation.
Roman preque inconnu de René Barjavel, Jour de Feu est de nouveau un de mes partenariats avec les Editions Denoël. Et oui j'enchaîne.
Jour de Feu de René Barjavel (Editions Denoël, 1957, 2015) est un de ces romans originaux qui vous marque. L'auteur s'inspire de la Passion du Christ et nous fait du roman une oeuvre anachronique.
Il transpose la Passion à l'epoque de l'écriture du roman. L'auteur s'intéresse au personnage de Barrabas, plus qu'à Jésus. C'est vrai qu'en est-il de ce personnage? Barrabas n'apparait que comme un bandit qui sert de prétexte pour condamner Jésus. L'auteur en fait ici une sorte d'anti-héros. C'est un bandit, certes, mais qui ne comprend pas la condamnation d'un innocent. Il se voyait déjà sur la croix mais le fait de n'être pas condamner va le plonger dans une grande animosité. Il va se révéler être un homme bon et courageux avec des valeurs.
Le père qui raconte l'histoire de cet Homme à ses enfants, et qui l'a transpose à leur époque permet une meilleure compréhension d'un épisode important pour la religion Catholique.
J'ai beaucoup aimé ce roman qui est assez court il est vrai mais qui va à l'essentiel. On a même en sorte de prologue, la description du début du tournage de cette histoire mais qui ne verra jamais le jour. C'est dommage car cela aurait pu être un bon film n'ayant pas de problème d'antisémitisme car les juifs qui condamnent Jésus dans le Nouveau Testament sont remplacés par la foule de la ville.
La qualité d'écriture est indéniable. Très fluide, agréable à lire. Cela m'a donné envie de découvrir l'univers de cet auteur.
Je suis quelqu'un qui se considère comme Agnostique et comme j'aime le cinéma, je vous ai mit en fin d'article, la bande-annonce de La Passion du Christ de Mel Gibson, film décrié et considéré comme antisémite pour la communauté juive. Mais si on a l'esprit ouvert, le film ne fait que s'appuyait sur La Passion selon Saint Matthieu. Si vous ne l'avez pas vu, je vous le conseille.
La foule tendue, silencieuse, immobile. Satisfaite: enfin le spectacle commence.
Jésus agenouillé à la la limite de l'ombre et de la lumière. Les gens de l'ombre le voient se découper, sombre, au ras du sable brûlé de lumière. Les gens du soleil voient son dos blanc échancrer l'ombre mauve.
Debout près de lui, un soldat en short kaki, torse nu bronzé par le soleil. Il tient dans sa main droite une longue verge d'osier grosse comme le pouce. Une trompette aiguë déchire la lumière. Le soldat lève la verge vers Pilate, vers la foule, vers le ciel bleu, et l'abat. Elle siffle, frappe le dos de Jésus.
Visages de Marie, Jean, Madeleine, Judas.
La verge monte vers le ciel, siffle, frappe.
Visages de Jean, Madeleine, Judas.
Marie.
La verge siffle, frappe.
Marie.
La verge frappe Marie, Jean, Madeleine, Judas, frappe leur cœur, leur sang, leur visage.